Vaincre sans combattre (interview Toshiro Suga)

» Posté par le 11 mars 2012 dans Histoire et philosophie, Toshiro Suga | 0 commentaire

Toshiro Suga est un maître d’Aïkido à part. Dans une discipline où beaucoup parlent d’efficacité plus qu’ils n’en font preuve, il démontre un Aïkido à la puissance redoutable. Formé au Japon à l’Aïkikaï de Tokyo il recevra l’enseignement du fondateur et de ses plus proches disciples avant de venir diffuser l’Aïkido en occident. Son savoir encyclopédique lui permet de mettre en lumière la logique sous-jacente des techniques. Spécialiste reconnu du travail des armes de l’Aïkido, nous l’avons rencontré pour vous à l’occasion de la sortie d’un DVD qui fera date. Interview avec un maître au franc-parler et à l’humour indéniables.

 

Quand avez-vous commencé à pratiquer l’Aïkido ?

J’ai commencé l’Aïkido le 16 février 1968. Je voulais aller au cours d’Osenseï de 6h30 à 7h30 mais malheureusement d’importantes chutes de neige paralysaient les transports et je n’ai pu me rendre qu’au cours de 15h. Je suis allé à cet horaire pendant un an et demi.

Osenseï enseignait de 6h30 à 7h30 mais il revenait toujours pendant le cours de 15h. J’étais jeune. J’avais 17 ans et avec certains de mes camarades on n’aimait pas tellement que Osenseï vienne à notre cours parce que cela signifiait que nous allions rester longtemps en seïza. Nous restions immobiles pendant de longs moments à observer et écouter Osenseï. Nous étions jeunes et nous voulions bouger donc le moins qu’on puisse dire est que sa venue ne nous excitait pas particulièrement. Et je crois que certains maîtres partageaient ce point de vue… (rires).

Aujourd’hui je suis vraiment heureux d’avoir vécu ces instants-là, les derniers moments d’Osenseï, mais il ne faut pas cacher nos sentiments de l’époque. Ceci dit, malgré notre envie de bouger nous regardions tout de même sérieusement et avec le plus grand respect. En fait, à l’époque nous croyions que Osenseï était immortel et nous ne comprenions pas à quel point ces moments étaient précieux.

Je le vis presque quotidiennement pendant un an jusqu mois de février 69. A partir de là et durant les deux derniers mois de sa vie il souffrait trop pour pouvoir monter au dojo… (Note : L’Aïkikaï est un immeuble de quatre étages et le dojo principal se trouve au deuxième)

Aujourd’hui je comprends à quel point j’ai eu une chance merveilleuse et je chéris tous les souvenirs que j’ai d’Osenseï. Sa présence magnétique, son aura extraordinaire, sa voix si claire. Et son Aïkido si pur…

Beaucoup de pratiquants aujourd’hui n’ont vu Osenseï qu’en portrait. Ils n’ont souvent même pas vu les rares vidéos de ses démonstrations. Ils en entendent parler mais il n’est qu’une image très vague. Sa voix, ses mouvements me restent et je suis vraiment reconnaissant d’avoir eu cette grande chance.

 

La pratique d’Osenseï a évoluée durant toute sa vie. Quelle est l’époque que vous considérez comme son apogée ?

C’est une question très difficile. Je n’ai vécu que sa dernière période et ne connaît les précédentes qu’à travers les films, les livres et les témoignages de ses élèves de l’époque. Mais je pense que comme pour tous les grands créateurs chaque moment est aussi riche et intense. Sa dernière année fut sans doute celle où son enseignement fut le plus concentré, allant droit à l’essentiel. Une concentration extrêmement aiguë et des gestes totalement épurés…

Osenseï avait du mal à monter au deuxième étage à l’époque mais une fois qu’il pénétrait dans le dojo il dégageait une énergie phénoménale. C’était son monde, sa raison de vivre. Observer sa transformation était incroyable !

Je crois qu’on ne peut pas dire qu’il y ait eu une époque plus importante que l’autre. Chacune s’est nourrie des précédentes et Osenseï jusqu’à ses derniers instants affinait son art…

 

Qu’est-ce qui vous a attiré dans la pratique de l’Aïkido ?

Rien ! Mon père m’a dit un jour : « J’ai observé tous les maîtres de Budo et Ueshiba est le plus grand. Tu vas pratiquer l’Aïkido. » Je n’étais pas tellement content car j’étais un adolescent classique, heureux de regarder la télévision et de ne rien faire.

J’étais assez bon dans les sports de balle. J’étais très bon en base-ball, bon en basket-ball, volley-ball, toutes ces sports de balle. En ping-pong j’étais champion. Mais en gymnastique je n’étais pas bon du tout. Et l’Aïkido se rapprochait plus de la gymnastique que d’un sport de balle !

J’avais fait du Judo vers l’âge de 15 ans. C’était dans le meilleur dojo de la Police de Tokyo. L’entraînement était si douloureux que je gardais un souvenir très moyen des Budo. Mais bon, mon père m’a dit « Il faut que tu y ailles. » donc j’ai suivi son conseil et aujourd’hui je ne le regrette pas. C’était un excellent choix.

 

A quel moment est-ce que vous avez commencé à prendre du plaisir à la pratique ?

Après le premier dan. Parce qu’à mes débuts mon corps ne bougeait pas comme je le voulais. J’avais des problèmes articulaires et j’étais très raide. Les chutes me faisaient alors très mal. Mais quand j’ai commencé à comprendre et à pouvoir bouger comme je le désirais j’ai commencé à prendre plaisir à la pratique.

A partir du premier dan j’ai eu le sentiment de pouvoir faire aussi bien que les autres, et même de dépasser pratiquement tout le monde. A ce moment-là j’ai été vraiment heureux. Grâce à l’Aïkido j’avais développé mes capacités physiques à un tel point que je pensais que mon corps pouvait tout accomplir. C’était important pour moi parce que j’ai commencé à 17 ans. Et à 17, 18 ans c’est la fin de l’adolescence. On est toujours incertain, physiquement et mentalement. Mais j’ai pris confiance en moi grâce à ces progrès. Et à partir de là j’ai pu avancer beaucoup plus rapidement et fortement en Aïkido.

 

Est-ce que vous vous souvenez de vos premières impressions lorsque vous êtes arrivé au Dojo ?

Oui. C’était le cours de maître Arikawa. Je ne le connaissais bien sûr pas mais après j’ai su qu’il était l’un des maîtres les plus durs de l’Aïkikaï. Il y a énormément d’histoires sur maître Arikawa et la férocité de sa pratique. Il était très proche de Tadashi Abe. Il y avait beaucoup de blessures à son cours à l’époque…

Donc à ce premier cours je ne savais évidemment pas chuter. Il ssapproche de moi en se frappant le corps comme un gorille et il me dit : « Saisis ma main ! » Je crois que j’ai saisi en gyakku hanmi katate dori. Et pan ! Il m’a projeté trois tatamis plus loin. Je me suis dit, l’Aïkido c’est terrible.

A l’époque nous habitions dans une maison à Tokyo et je dormais au premier étage. Les jours suivants ce premier entraînement j’étais tellement courbaturé que je pouvais à peine descendre ou monter les escaliers ! Mais je n’ai pas arrêté et j’ai commencé à pratiquer quotidiennement.

 

Vous avez pratiqué à l’Aïkikaï durant son âge d’or, lorsque les instructeurs les plus célèbres y enseignaient. Quelle était l’ambiance au quotidien ? Il devait y avoir une énergie incroyable.

C’était une époque exceptionnelle. Nous pensions toujours que les anciens étaient plus forts et s’étaient entraînés encore plus rigoureusement. Il y avait beaucoup d’histoires qui circulaient sur les exploits d’Osenseï ou de ses premiers élèves. Et nous essayions toujours de les égaler. Nous n’y sommes sans doute pas arrivés mais en tout cas nous faisions notre maximum et c’était une époque très motivante.

L’Aïkido était en plein développement. Les grands maîtres d’aujourd’hui avaient la quarantaine et ils conjuguaient des capacités physiques exceptionnelles avec une technique très précise. C’était aussi une période de recherche intense très intéressante.

Je pratiquais tous les jours et j’ai ainsi pu suivre les cours de tous les maîtres qui enseignaient à l’Aïkikaï à l’époque. Je me souviens très bien, le lundi il y avait maître Saotome, le mardi maître Toheï Akira, le mercredi maître Arikawa, le jeudi maître Kobayashi Yasuo, le vendredi maître Toheï Koichi, le samedi c’était le second Doshu, Ueshiba Kisshomaru, et le dimanche maître Saïto. C’était vraiment un moment passionnant.

J’avais bien sûr des préférences mais comme je pratiquais quotidiennement je les ai tous suivis. Et je pense que c’était bien ainsi. Car jusqu’au 1er et même 2ème dan c’est l’apprentissage des bases. Et il est important de pratiquer un maximum, de pétrir son corps. C’était la jeunesse et avec mes amis nous étions contents comme cela. Nous suions énormément sur les tatamis, développant chaque jour notre technique et nos capacités physiques.

 

Les entraînements étaient-ils plus intensifs à l’époque que ce que l’on voit généralement aujourd’hui ?

Les maîtres ne disaient rien. Chacun pouvait pratiquer à son rythme et il y avait bien sûr des gens qui pratiquaient assez tranquillement. Mais avec mes amis nous essayions de nous entraîner avec le maximum d’intensité et je crois que nous bougions plus que la plupart des pratiquants d’aujourd’hui. On cherchait aussi toujours à pratiquer avec les élèves les plus forts pour progresser et ils ne nous faisaient aucun cadeau. Mais grâce à cela nous avons pu apprendre beaucoup.

 

Quand êtes-vous arrivé en France ?

Je suis arrivé en France le 11 août 1971. J’ai traversé toute l’Europe et l’Asie en bateau, train et avion. J’ai mis une semaine en transportant 126kg de bagages !

 

Quelle était la situation de l’Aïkido en France lorsque vous êtes arrivé ?

Je me rappelle particulièrement de deux pratiquants que je trouvais très bons. Un surtout. Il était 2ème dan je crois. A l’époque j’étais moi aussi 2ème dan et c’était le grade le plus élevé parmi les élèves.

Il y avait quelques milliers d’élèves. L’enseignement était très dynamique. Nous étions autour des maîtres Tamura, Noro, Chiba et nous bougions un maximum. Les entraînements étaient très physiques. Tous ces maîtres étaient jeunes et débordaient d’énergie. Ils affinaient leurs techniques et c’est ainsi que s’est construit le grand art qu’ils possèdent aujourd’hui. C’était une très belle époque et sans qu’on le sache, un moment crucial dans le développement de l’Aïkido.

 

Quelle est la première impression que vous avez eue lorsque vous avez vu l’Aïkido de maître Tamura ?

Quand j’ai rencontré maître Tamura la première fois je me suis dit : « C’est bizarre ce qu’il fait. » Cela me semblait bizarre parce que je n’avais pas appris les choses comme cela parce que déjà à l’Aïkikaï les techniques déviaient de celles de Osenseï. Je ne comprenais pas du tout au début et je n’avais absolument pas l’intention de changer ce que j’avais appris. Cela m’a donc pris trois ou quatre ans pour comprendre son travail.

Maître Tamura est, à mon avis, celui qui a vraiment préservé les techniques d’Osenseï. Au centimètre près. Il était même critiqué par les jeunes uchi-deshis de l’époque qui l’appelaient « copie conforme » de Osenseï. En suivant maître Tamura j’ai compris ce qu’était réellement l’Aïkido. J’ai pu apprendre ce que Osenseï enseignait. Et pour mon étude c’était un moment très intéressant dans la construction de ma technique.

 

Vous avez connu les plus grands maîtres, Toheï, Saïto, Chiba… C’est donc cette proximité technique qui vous a décidé à suivre maître Tamura?

Oui il y a évidemment cela mais il y a plus encore. Pour moi maître Tamura représente l’Aïkido. Le véritable Aïkido c’est Osenseï et maître Tamura. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de faille dans la logique de leur pratique au niveau martial ! Et quand on pratique les arts martiaux je trouve que c’est très essentiel.

Les Budo, Voies martiales, ne sont pas un sport. Dans le Budo une faille dans la logique signifie la mort ! Aujourd’hui les pratiquants n’ont plus ces notions à l’esprit. La notion de vie et de mort disparaît. Mais c’est alors l’identité de notre pratique en tant que Budo qui disparaît ! La concentration devient moins aiguë et la logique des techniques se perd. Les fondements de notre art et de sa philosophie disparaissent et l’Aïkido devient un sport de loisir… Il est très important de garder la logique martiale qui fait partie de notre identité. Malheureusement cette notion de martialité disparaît même au Japon aujourd’hui.

 

Que pensez-vous du niveau de l’Aïkido en France aujourd’hui ?

Le niveau de la France est assez haut. Mais il entre depuis une quinzaine d’années dans une période de « lassitude ». C’est-à-dire que l’enthousiasme n’est plus le même.

L’Aïkido en France existe depuis 54 ans. Il y a énormément de professeurs, de stages, la plupart des gens ont une idée de ce qu’est l’Aïkido mais il est souvent devenu « banal ». Les pratiquants ne voient plus un cours d’Aïkido avec des yeux émerveillés, pensant avoir la chance d’apprendre des techniques exceptionnelles.

Il est vrai que pour beaucoup il est difficile de pratiquer la même chose pendant 20 ou 30 ans. De trouver la joie dans la pratique. Mais le problème est que les débutants qui commencent entrent dans l’Aïkido et sont plongés dans cette « lassitude », cette « banalisation » qui étouffe un peu l’enthousiasme. Il devient difficile d’éveiller la passion de l’entraînement.

Lorsque j’enseigne dans un pays où l’Aïkido est relativement neuf, il y a plus d’excitation, d’enthousiasme et de passion. Les gens font des efforts et même des sacrifices dans des conditions souvent beaucoup plus difficiles qu’en France pour pratiquer et progresser.

 

Vous sortez le premier DVD d’une série sur l’Aïkido. Pourquoi avoir choisi le sabre pour commencer ?

D’après le professeur Sasama, auteur d’une encyclopédie des arts martiaux qui fait référence et qui possède une connaissance inouïe des Budo japonais, les origines de l’Aïkido remonteraient au 9ème siècle. Il n’y a malheureusement pas de documents de cette époque, mais cela en ferait l’un des plus anciens arts martiaux, considérant que le Katori Shinto ryu par exemple remonte à peu près au 13ème siècle.

A l’époque les samouraïs apprenaient principalement quatre disciplines de combat. L’utilisation du katana (sabre), du naginata (fauchard), du kyu (arc), et ce qu’on appelait généralement kumiuchi, des techniques à mains nues de type Jujutsu.

A l’époque, du 9ème jusqu’au 17ème siècle, durant les guerres incessantes, l’entraînement premier des samouraïs était l’utilisation des armes. Ils pratiquaient aussi les techniques à mains nues mais cela ne représentait qu’environ 20% de leur entraînement.

Quand on analyse les techniques d’Aïkido, les attaques sont faites soit pour empêcher le dégainage ou l’utilisation du sabre, soit pour frapper l’adversaire sur un point vital, mais en utilisant la main comme un sabre. Donc l’Aïkido est la pratique du sabre. Et les techniques à mains nues sont issues de ce travail. On ne peut les séparer. Et une bonne compréhension de l’esprit et de l’utilisation du sabre est essentielle pour fonder des bases solides en Aïkido.

 

Beaucoup d’experts n’enseignent pas le travail des armes. Est-ce que vous pensez que c’est indispensable à la pratique de l’Aïkido ?

L’Aïkido sans le travail des armes c’est 80% de sa richesse qui disparaît. Le travail de l’Aïkido est indissociable du travail des armes. Et Osenseï ne faisait jamais de démonstration d’Aïkido sans le travail des armes.

 

Quels sont les maîtres dont le travail au sabre vous a le plus impressionné ?

Maître Tamura ! Maître Tamura parce que contrairement à beaucoup d’autres maîtres il a eu la chance d’apprendre le travail correct des armes. Il était le partenaire privilégié de Osenseï et a appris par l’expérience directe.

Quand maître Tamura utilise le sabre son geste est parfait et on voit que c’est une coupe. Beaucoup d’experts utilisent le bokken comme un bâton et non un sabre. Ils frappent mais ne coupent pas. C’est très différent et ceux qui ont l’habitude de faire de la coupe le voient parfaitement.

Maître Tamura a pratiqué les armes avec Osenseï et il étudié le Iaï avec Haga senseï. Lorsque son sabre descend on voit bien qu’il coupe. Et c’est un point essentiel.

 

Dans votre DVD vous expliquez l’utilisation du suburito, le bokken d’entraînement à la coupe. Est-ce que vous considérez que la pratique des suburis est bénéfique pour l’Aïkido ?

Je crois. Parce que les suburi permettent de comprendre comment on utilise les bras. Cette utilisation des bras est exactement la même dans shiho nage, kote gaeshi, irimi nage et ikkyo. Et si l’on peut comprendre un point essentiel que l’on retrouve dans ces quatre techniques fondamentales d’Aïkido, alors je pense que c’est très important.

De plus cela permet de développer une musculature spécifique à l’Aïkido. Les muscles peuvent alors rester souples et relâchés même dans un mouvement puissant. C’est un autre point qui montre le lien indissociable entre le travail au sabre et à mains nues.

 

Vous démontrez pour la première fois les techniques de saya no uchi (lorsque le sabre est utilisé non dégainé afin d’effectuer les techniques d’Aïkido). Pouvez-vous nous en parler ?

Après avoir effectué des recherches approfondies j’ai découvert que dans la plupart des ryus traditionnels spécialisés dans le sabre, le travail du dégainage, le Iaïjutsu qui est l’ancêtre du Iaïdo, représentait environ 20% de l’enseignement. Le reste était partagé entre le maniement du sabre une fois dégainé, le Kenjutsu, les techniques d’armes secondaires, selon les écoles, bo (bâton long), naginata (fauchard), jutte (sorte de bâton court en acier muni d’un crochet), et enfin les techniques à mains nues. Il y avait bien sûr autant de cas particuliers que d’écoles mais c’est là le schéma classique.

Les techniques de Saya no uchi sont présentes dans certaines de ces écoles. On en retrouve par exemple dans le Shindo Yoshin Ryu. Les techniques de Saya no uchi sont un chaînon manquant dans la pratique. La plupart des pratiquants d’Aïkido ont un minimum de connaissance du travail des armes. Certains pratiquent aussi le Iaïdo. Les techniques de Saya no uchi permettent de faire le lien entre le travail à mains nues et le travail aux armes. Elles permettent de comprendre comment les techniques à mains nues sont apparues. Elles sont très importantes si l’on veut comprendre la logique de nos mouvements et ce qui fait leur efficacité.

 

Il existe une expression japonaise qui dit Saya no uchi no kachi ou saya no uchi de katsu. Est-ce que vous pouvez nous expliquer un peu sa signification ?

Cela signifie à peu près « la victoire dans le fourreau ». C’est une expression qui est très utilisée dans le Iaïdo. Il y a de nombreuses interprétations. On peut comprendre que la victoire est décidée avant même que le sabre soit dégainé. Ou que l’on doit vaincre sans avoir à dégainer. Cela parle aussi de la concentration dans le combat avant d’avoir dégainé. Un engagement total qui assurait la victoire.

Mais il faut bien comprendre que lorsqu’on est attaqué, il est généralement trop tard si l’on est surpris. Les plus grands samouraïs étaient dans un état de vigilance permanente et ne laissant aucun suki (ouverture). Leur sensibilité aiguisée à l’extrême leur permettait de percevoir les intentions d’attaques. Il y a de nombreuses histoires qui illustrent cela.

 

Avez-vous quelque chose à ajouter pour terminer ?

Je voudrais insister à nouveau sur le fait que le travail à mains nues et celui des armes forment un ensemble indissociable. Sans la pratique des armes la logique martiale des mouvements disparaît et avec elle l’esprit de notre discipline.

 

Publié dans Dragon n°14, texte Léo-Hakuba Tamaki

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