Réflexion

Vaincre sans combattre (interview Toshiro Suga)

Posté par le 11 mars 2012 dans Histoire et philosophie, Toshiro Suga | 0 commentaire

Toshiro Suga est un maître d’Aïkido à part. Dans une discipline où beaucoup parlent d’efficacité plus qu’ils n’en font preuve, il démontre un Aïkido à la puissance redoutable. Formé au Japon à l’Aïkikaï de Tokyo il recevra l’enseignement du fondateur et de ses plus proches disciples avant de venir diffuser l’Aïkido en occident. Son savoir encyclopédique lui permet de mettre en lumière la logique sous-jacente des techniques. Spécialiste reconnu du travail des armes de l’Aïkido, nous l’avons rencontré pour vous à l’occasion de la sortie d’un DVD qui fera date. Interview avec un maître au franc-parler et à l’humour indéniables.   Quand avez-vous commencé à pratiquer l’Aïkido ? J’ai commencé l’Aïkido le 16 février 1968. Je voulais aller au cours d’Osenseï de 6h30 à 7h30 mais malheureusement d’importantes chutes de neige paralysaient les transports et je n’ai pu me rendre qu’au cours de 15h. Je suis allé à cet horaire pendant un an et demi. Osenseï enseignait de 6h30 à 7h30 mais il revenait toujours pendant le cours de 15h. J’étais jeune. J’avais 17 ans et avec certains de mes camarades on n’aimait pas tellement que Osenseï vienne à notre cours parce que cela signifiait que nous allions rester longtemps en seïza. Nous restions immobiles pendant de longs moments à observer et écouter Osenseï. Nous étions jeunes et nous voulions bouger donc le moins qu’on puisse dire est que sa venue ne nous excitait pas particulièrement. Et je crois que certains maîtres partageaient ce point de vue… (rires). Aujourd’hui je suis vraiment heureux d’avoir vécu ces instants-là, les derniers moments d’Osenseï, mais il ne faut pas cacher nos sentiments de l’époque. Ceci dit, malgré notre envie de bouger nous regardions tout de même sérieusement et avec le plus grand respect. En fait, à l’époque nous croyions que Osenseï était immortel et nous ne comprenions pas à quel point ces moments étaient précieux. Je le vis presque quotidiennement pendant un an jusqu mois de février 69. A partir de là et durant les deux derniers mois de sa vie il souffrait trop pour pouvoir monter au dojo… (Note : L’Aïkikaï est un immeuble de quatre étages et le dojo principal se trouve au deuxième) Aujourd’hui je comprends à quel point j’ai eu une chance merveilleuse et je chéris tous les souvenirs que j’ai d’Osenseï. Sa présence magnétique, son aura extraordinaire, sa voix si claire. Et son Aïkido si pur… Beaucoup de pratiquants aujourd’hui n’ont vu Osenseï qu’en portrait. Ils n’ont souvent même pas vu les rares vidéos de ses démonstrations. Ils en entendent parler mais il n’est qu’une image très vague. Sa voix, ses mouvements me restent et je suis vraiment reconnaissant d’avoir eu cette grande chance.   La pratique d’Osenseï a évoluée durant toute sa vie. Quelle est l’époque que vous considérez comme son apogée ? C’est une question très difficile. Je n’ai vécu que sa dernière période et ne connaît les précédentes qu’à travers les films, les livres et les témoignages de ses élèves de l’époque. Mais je pense que comme pour tous les grands créateurs chaque moment est aussi riche et intense. Sa dernière année fut sans doute celle où son enseignement fut le plus concentré, allant droit à l’essentiel. Une concentration extrêmement aiguë et des gestes totalement épurés… Osenseï avait du mal à monter au deuxième étage à l’époque...

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Le combat contre soi-même (interview Toshiro Suga)

Posté par le 11 mars 2012 dans Histoire et philosophie, Toshiro Suga | 0 commentaire

    Toshiro Suga est un personnage hors-normes dans le monde des arts martiaux. Après avoir étudié auprès du fondateur et des plus grands maîtres de la discipline il est venu à son tour diffuser le message de l’Aïkido en occident. Réputé pour la puissance de ses techniques, son franc-parler et son humour très direct, il nous livre à l’occasion de la sortie-évènement de son nouveau DVD sur le jo quelques réflexions sur le travail des armes, le sens de la pratique et Moriheï Ueshiba. Senseï, vous avez étudié l’Aïkido à l’Aïkikaï auprès de Osenseï et des plus grands experts. Avec qui en particulier avez-vous étudié le travail du jo ? Le système de cotisations qui est aujourd’hui en vigueur à l’Aïkikaï était déjà le même à la fin des années soixante. Il y a la cotisation mensuelle qui couvre tous les cours du lundi au samedi, et une cotisation qui couvre ceux du dimanche. Lorsque je me suis inscrit j’ai commencé avec la cotisation simple et je pratiquais quotidiennement à l’exception du dimanche. Lorsque je suis devenu 2ème dan j’ai commencé à venir le dimanche aussi. A cette époque maître Saïto enseignait le dimanche à l’Aïkikaï, notamment le travail des armes. C’est avec lui que j’ai appris les bases. Mais le cours de maître Saïto durait depuis plusieurs années et la plupart des élèves pratiquaient avec lui depuis longtemps. Il n’y avait pas de cours débutants et j’ai eu beaucoup de mal à suivre. Heureusement un de mes sempaïs m’a aidé à étudier le kata 31. Lorsque je suis arrivé en France je ne connaissais donc quasiment que le kata 31. Par la suite c’est avec maître Chiba et maître Tamura que j’ai eu la chance d’étudier les armes. J’ai aussi regardé très souvent les vidéos de maître Ueshiba. Je ne pouvais pas me lasser de regarder encore et encore ses merveilleuses techniques. J’ai ensuite travaillé passionnément afin de polir ma technique et aujourd’hui je crois que mon travail au jo est le fruit de l’enseignement précieux de ces maîtres et de mes recherches. Y a t il d’après vous des différences entre la technique au jo de maître Ueshiba, de maître Tamura, Chiba et Saïto, et si oui lesquelles ? Je crois que leur travail est un peu différent. C’est dû à leurs morphologies. Leurs morphologies et leurs capacités physiques sont différentes et cela a naturellement influencé leur technique. Si on devait les qualifier en un seul mot je dirai que maître Saïto était puissant, maître Chiba rapide et maître Tamura souple. Bien sûr ils possédaient ces trois qualités mais c’est sans doute celle qui les définit le mieux. Cela dit j’ai eu la chance de voir le corps de nombreux maîtres et celui de maître Tamura était le plus impressionnant. Il est âgé maintenant mais dans dans la force de l’âge il possédait un physique extraordinaire. Son corps était à la fois extrèmement souple mais en même temps solide comme de l‘acier. Maître Ueshiba lui possédait à la fois une souplesse et une puissance phénoménales. C’est pourquoi sa technique de lance est plus qu’incroyable. Finalement chacun de ces maîtres a construit sa technique avec ses capacités, son caractère et en fonction de sa morphologie. C’est ce qui les rend uniques. Osenseï avait semble t il des capacités physiques...

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Toshiro Suga

Posté par le 11 mars 2012 dans Portraits, Toshiro Suga | 1 commentaire

    Toshirô Suga, né à Tokyo le 22 août 1950, est un enseignant d’aïkido, 7ème dan Aikikai. Formé au Japon à l’Aikikai de Tokyo. Il intervient dans de nombreux stages en France et à l’étranger. Il réside actuellement à Paris. De retour en France, il à vécu et enseigné l’aïkido à Brest, de 1989 à 2002. Dans un premier temps au dojo Brestois puis en 1991 il repris les cours d’Aïkido du Kiai judo club (2 rue Victor Eusen) à Saint-Pierre. Le dojo a été construit dans les années 70. Maurice Le Treut, 6ème dan de judo et 4ème dan d’aïkido, l’a conçu dans l’esprit d’un dojo japonais. Les élèves et professeurs y trouvent un espace agréable qui, à partir du printemps, s’ouvre sur un jardin arboré grâce à ses larges baies vitrées. Le dojo a reçu, dans le passé, les visites de Maître Tamura et Maître Nocquet. Monsieur Le Treut y a enseigné le judo et l’aïkido jusqu’à son décès en 1991. Maître Toshiro Suga, 6ème dan d’aïkido, a pris ensuite la direction des cours. Grâce à la connaissance et aux nombreuses qualités de ce grand maître, le club a connu un excellent développement (150 adhérents) pour la section Aïkido : le Dojo Shobukan. Les enseignants actuels (Stéphane Le Ru 3ème dan, Dominique Caudan 4ème dan, et Serge Pouliquen 4ème dan) sont tous d’ancien élèves gradés de Toshiro Suga et ils continuent à transmettre un enseignement de l’aïkido fortement marqué par son empreinte. Serge Givaja a également fait partie de l’équipe enseignante jusqu’en 2005, date à laquelle il a ouvert un club à Gouesnou. Maître Toshiro Suga est le conseiller technique du dojo Shobukan et vient, une fois par an, y animer un stage. Formation à l’aïkido Japon Toshirô Suga pratique le judo vers l’âge de 15 ans dans le meilleur dojo de la police de Tokyo. À 17 ans, sur les conseils de son père, il commence la pratique de l’Aïkido le 16 février 1968 à l’Aikikai so Hombu Dojo de Tokyo. Il bénéficie pendant un an et demi des passages et des conseils quotidiens de Morihei Ueshiba durant le cours de 15h00 de maître Sadateru Arikawa connu pour sa pratique extrèmement martiale. Il suit également les cours quotidiens de Mitsugi Saotome, d’Akira Tohei, de Yasuo Kobayashi, de Tohei Koichi, de Kisshomaru Ueshiba et de Morihiro Saito. France Toshirô Suga arrive en France le 11 août 1971. Il rencontra alors maître Nobuyoshi Tamura dont il suit depuis l’enseignement. Chargé d’enseignement national (CEN) à la FFAB, il possède le grade de 7ème dan de l’Aikikai. Il transmet son enseignement tout au long de l’année au cours de stages nationaux ainsi qu’aux quatre coins du monde. Enseignement de l’aïkido Les clubs De 1980 à 1985 il débuta ses activités d’enseignant à Saint Brieuc :Club de Saint Brieuc De 1985 à 1989 il part au Canada où il entraîne les membres des forces armées en aïkido et au combat à la baïonnette. De 1989 à 2002 il enseigne l’aïkido dans un club Brest|Brestois qui continue à transmettre un enseignement de l’aïkido fortement marqué par son empreinte :Dojo Shobukan de Brest Depuis 2002 :ASH Aïkido à Herblay et Aïkido club Boisséen DVD technique d’aïkido Ken, les racines de l’aïkido, 2006 Jo, le pilier de l’aïkido, 2008 Les fondements de l’aïkido, 2010 Fondements de l’aïkido en...

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René Van Droogenbroeck

Posté par le 11 mars 2012 dans Portraits | 0 commentaire

Né le 23 janvier 1941 à Changé (Sarthe) Il commence en tant qu’apprenti cuisinier, puis vient au Havre à l’âge de 18 ans pour suivre une formation de peintre en bâtiment. Il fait son service militaire en Algérie, puis se marie en 1963. Il commence l’aïkido le 18 septembre 1964 à l’âge de 24 ans. Son premier professeur est monsieur David, un pionnier qui avait étudié avec maître Tadashi Abe. Il rencontre ensuite maître Noro alors qu’il n’est que 4e kyu. Il suit de nombreux stages avec des maîtres, Tada, Nakazono, Asai, puis travaille avec Tamura pendant plus de 30 ans. Il fat un séjour au Japon pour étudier avec Morihiro Saito sensei. Il devient cadre technique national de la Fédération française d’aïkido et de budo (FFAB), poste qu’il quitte en 2010 à la mort de Tamura sensei. Il s’initie également au karaté, pratique le kendo pendant 20 ans, ainsi que le iaido (école Musō shinden ryū) ; il devient directeur technique adjoint de la Fédération européenne de iaido. Il choisit le paulownia (kiri 桐), un mon traditionnel, comme symbole. Il est nommé 7e dan le jour de ses 40 ans de pratique du Budo. Il enseigne l’aïkido et le iaido au Havre, et anime régulièrement des stages en France et à l’étranger. Il s’éteint le 14 février 2012 des suites d’une longue...

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Nebi Vural

Posté par le 11 mars 2012 dans Portraits | 0 commentaire

    Né le 29 septembre 1951 à Çıldır / Turquie. Il débute l’étude des arts martiaux à l’age de 15 ans, puis il commence la pratique de l’aïkido en 1973 sous la direction de Maître Nobuyoshi TAMURA. Très proche des experts japonais et élève assidu et dévoué de Maître Nobuyoshi TAMURA, il est le modèle du parfait disciple, respectueux de l’étiquette. Il est actuellement  CEN (Chargé d’Enseignement National) à la FFAB et directeur technique de l’Organisation Eurasia Aikido.  Il se déplace aujourd’hui toutes les semaines pour promouvoir l’Aikido dans le monde entier et continue d’assurer deux jours par semaine les cours dans son club de...

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Reïshiki – L’étiquette

Posté par le 10 mars 2012 dans Daniel Leclerc, Histoire et philosophie | 0 commentaire

  PREAMBULE Avant d’entamer l’étude proprement dite du REISHIKI, il ne paraît pas inutile de rappeler la différence essentielle et, pourrait-on dire, existentielle, entre le BUJUTSU, qui constitue l’ART MARTIAL à proprement parler, et le BUDO dont la traduction la plus fidèle serait DISCIPLINE ou VOIE MARTIALE. En effet, bien que chacun d’eux dispose d’un reishiki, leur finalité diffère: pour le premier, le comportement et les gestes sont conditionnés par la nécessité de pouvoir répondre instantanément et efficacement à la moindre menace, au moindre signe d’agression, alors que pour le second, du fait de ses implications non guerrières, le respect de l’étiquette est dicté par des considérations d’ordre essentiellement spirituel. Pour argumenter ce propos, nous empruntons quelques passages du livre de Donn F. Draeger: « Budo classique ». p. 37 à 41 « Le budo classique est né du remplacement de la dénomination « bujutsu » par la substitution de l’idéogramme jutsu: « art » en do: « la voie ». Une telle innovation révélait le désir de l’homme de développer une conscience de sa propre nature spirituelle à travers la pratique de disciplines qui le conduiraient à un état de réalisation de son être, du « soi ». C’est cet objectif qui est à la base de la principale différence entre les disciplines martiales qualifiées de « jutsu » et celles définies comme « do ». A l’origine, le bujutsu, ou art martial, était principalement caractérisé par des implications d’ordre technique. Cependant, durant la période Tokugawa, lorsque les exigences et le besoin des techniques de combat s’estompèrent, s’esquissa la période de « l’art » d’ « abandonner la technique », d’ « abandonner l’ego ». On parla dès lors de « do ». Le sens profond de ce terme fut clairement exprimé par Yagyu Tajima no Kami (1527-1606): « Toutes les armes conçues pour tuer sont néfastes et ne doivent jamais être utilisées, sauf en cas d’extrême nécessité. Si, toutefois, on doit en faire usage, que ce soit uniquement pour punir la malveillance, non pour ôter la vie à quelqu’un. L’entraînement est la première condition pour comprendre ce concept. Il ne s’agit pas d’une simple érudition, mais plutôt d’un passage qui nous conduit dans le lieu où l’on parle avec le maître. Le maître est le Tao, la vérité. » Quand bien même il ait la même base technique que le bujutsu, le budo classique n’a pas été créé pour être au service du guerrier sur le champ de bataille. Quelques formes de bujutsu, mais pas toutes, furent modifiées pour l’entraînement du budo et refaçonnées dans le sens métaphysique. Alors que le bujutsu accentuait l’importance de la forme pour obtenir un résultat efficace au combat, le budo utilise la forme comme moyen pour se perfectionner. L’entraînement en budo, par conséquent, visait des idéaux plus élevés que ceux du bujutsu. En prenant naissance durant une période de paix qui ne nécessitait plus de soutenir l’épreuve du combat, la majeure partie de ceux qui ont contribué au développement du budo estima qu’en renonçant aux finalités proprement guerrières du bujutsu, rien d’essentiel ne serait perdu. … Il faut toutefois comprendre que le budo ne saurait en aucun cas être envisagé comme une sorte de divertissement social, de sport ou encore de méthode pour exhiber une maîtrise de nature esthétique. Il constitue, bien au contraire, un ensemble de disciplines austères qui éprouve et éduque directement le mental et qui s’applique à la vie quotidienne au travers d’un...

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Iaï, tachiaï, iaïdo, iaïjutsu…

Posté par le 9 mars 2012 dans Histoire et philosophie, Toshiro Suga | 0 commentaire

    Je vais reprendre aujourd’hui les réflexions sur l’origine des termes que nous utilisons régulièrement dans la pratique par l’analyse de iaï et ses corollaires, tachiaï, iaïdo, iaïjutsu. Je développerai ensuite en abordant brièvement l’histoire du iaï et celle des katakiuchi, vengeances du Japon traditionnel…   Iaï   « Iaï » est un mot composé de deux caractères, « i » et « aï ». Il est lui-même utilisé en combinaison pour former les mots « iaïdo » et « iaïjutsu ». Le premier kanji utilisé dans iaï, i, est composé de deux parties. La partie supérieure symbolise le corps, tandis que la partie inférieure représente une tête ou un crâne couronné, partie évoquant ce qui est ancien. Ce premier caractère évoque aussi l’idée de barrière, une barrière entourant un corps suggère alors ici l’idée… de chaise. Mais si la chaise a été utilisée en Chine depuis plusieurs siècles ce n’est pas le cas du Japon qui ne l’adopta réellement qu’à l’époque moderne. Ce premier caractère utilisé au Japon convie donc l’idée d’être assis mais… par terre. Le second kanji, aï, est le même que celui utilisé pour écrire Aïkido. Une explication de son origine est l’image d’un couvercle sur un trou. Il contient alors des notions telles qu’hermétique, superposition, unité. En Aïkido on insiste beaucoup sur la notion d’harmonie mais ce sens n’est pas si évident lorsque l’on étudie l’origine de ce caractère. En tout état de cause le sens d’unité est bien plus présent que celui d’harmonie dans sa construction. Cela peut aussi nous amener à reconsidérer le sens de notre pratique en intégrant par exemple l’idée de superposer notre ki sur celui de l’autre personne, de l’englober. Il est alors important de revoir l’origine et les différentes significations possibles de ki, terme que nous avons déjà étudié dans un précédent numéro. « Au », qui devient « aï » dans les mots composés, est donc la rencontre, la superposition, l’unité même temporaire de deux choses, deux sabres dans le cas de la pratique martiale.   Tachiaï   Si iaï véhicule l’idée du combat assis, « tachiaï » est son pendant, le combat debout. Tachiaï est aussi composé de deux caractères. Le premier, tachi, représente un homme debout. Le second est le même que le deuxième caractère de iaï. Tachiaï est un terme qui est aujourd’hui surtout utilisé en Sumo et désigne la charge initiale entre les combattants. Il est aussi présent dans le nom de nombreuses techniques martiales, notamment en Daïto ryu.   Iaïdo, Iaïjutsu   Iaï est un terme qui nous intéresse surtout parce qu’il forme la première partie des mots Iaïdo et Iaïjutsu, disciplines que nombre d’entre nous étudient ou ont étudié. Nous avons déjà abordé le, caractère do, qui signifie voie. Jutsu signifie quand à lui technique. La différence entre les budos et les bujutsus est un débat qui occupe les chercheurs martiaux. Je crains que ce soit malheureusement une question sans issue définitive puisque le même mot peut recouvrir des conceptions différentes selon le maître qui l’emploie. Pour simplifier nous dirons que le Iaïjutsu insiste plus sur la finalité technique tandis que le Iaïdo, sans renoncer à la cohérence martiale, porte plus son attention sur le fait d’éduquer l’homme. Techniquement le Iaïdo consiste à dégainer et couper, généralement dans le même geste. Comme nous l’avons vu le terme iaï évoque entre autres le fait d’être assis. Le...

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Gojo, les cinq vertus de Confucius

Posté par le 9 mars 2012 dans Histoire et philosophie, Toshiro Suga | 0 commentaire

  L’influence du Shintoïsme ou du Bouddhisme dans les arts martiaux japonais est parfaitement connue. Par contre, celle du Confucianisme est souvent mésestimée. Toshiro Suga nous révèle aujourd’hui l’importance majeure de cette pensée dans l’histoire japonaise et plus particulièrement dans la caste des samouraïs…   Lorsque la rédaction de Seseragi m’a demandé d’expliquer quelques termes utilisés en Aïkido à travers l’analyse de leur kanji je l’ai fait avec plaisir en précisant que mes écrits devaient être considérés comme des pistes et non des vérités absolues. Certains lecteurs ayant été intéressés par ces tentatives d’explications la rédaction m’a demandé de continuer cette rubrique. Je m’attelle à présent à des aspects spirituels et historiques que j’estime liés à notre pratique. Mais je tiens encore une fois à préciser qu’il ne s’agit que de mon interprétation. J’ai consacré ma vie à l’Aïkido et je suis un pratiquant et non pas un historien ou un philosophe. L’analyse des sujets que je vais aborder sera donc limitée par mes connaissances. Je vous prie donc d’avance de m’excuser pour toute erreur éventuelle et vous conseille d’approfondir vos recherches dans des ouvrages spécialisés si une notion évoquée vous intéresse. Le Japon a connu de nombreuses luttes de pouvoirs entre seigneurs. La plus grande période de guerre civile prit fin en 1615. Dès lors le Japon connut pendant plus de 250 ans la plus longue ère de paix de l’histoire de l’humanité. Mais comment les Tokugawa ont-ils réussi à préserver la paix après cinq siècles de guerre civile ?   Une époque à l’éthique fluctuante   Le Japon a été unifié grâce au combat de trois hommes, Oda Nobunaga, Toyotomi Hideyoshi puis Tokugawa Ieyasu. Ieyasu avait comme tout conquérant le désir de voir se perpétuer sa lignée. Il pouvait pour cela faire appel à la force et l’intimidation et il ne s’en est effectivement pas privé, gardant par exemple les familles des seigneurs dans une situation de quasi-otages. Mais tout déploiement de force amène le ressentiment et porte en lui-même les racines de sa destruction. C’est pourquoi Ieyasu agit subtilement en s’attaquant à la racine du problème, l’éthique des samouraïs. Au Japon l’importance du nom est plus encore qu’ailleurs portée à son paroxysme et un clan ne trouve de signification que dans sa survie. Cinq siècles de guerres acharnées avaient développé un instinct de survie extrêmement puissant et l’on peut dire que la pérennité du clan finit par tout justifier dans cette époque troublée. Les trahisons se succédaient et personne n’y voyait rien à redire dans la mesure où le clan en sortait grandi ou au moins préservé.   Une école de la loyauté   Le confucianisme était arrivé dans l’archipel entre le 3e et le 6e siècle. Cette école de pensée qui devint quasiment une religion en Chine garda son essence au Japon où elle servait principalement à développer l’esprit moral et enseigner la conduite juste qu’un homme devait adopter. Le génie de Tokugawa fut d’élever le Confucianisme en doctrine d’état, soumettant le gouvernement et la société à ses préceptes. Le plus important à ses yeux étant probablement l’interdiction de servir deux maîtres dans une vie… En quelques années le Confucianisme prit une importance grandissante. Tout samouraï s’adonnait à son étude et ses enseignements se propagèrent très rapidement dans la société. Les valeurs confucianistes furent reprises...

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Le rôle de l’Uke en Aïkido

Posté par le 7 mars 2012 dans Daniel Leclerc, Technique et pratique | 0 commentaire

UKE, celui qui chute dans la pratique d’AIKIDO, par opposition à TORI qui exécute la technique, joue un rôle essentiel dans la didactique martiale en général et japonaise en particulier, tout du moins pour ce qui concerne les disciplines qui enseignent les formes de combat face à face à un adversaire. La cible n’a pas moins de valeur en KYUDO, par exemple, mais ne remplit pas les mêmes critères. Ce rôle est bien souvent méconnu ou mal compris, pour ne pas dire déconsidéré, par bon nombre de pratiquants notamment en raison de la fonction passive qu’on lui attribue injustement. Cet article se propose d’analyser ce rôle, sous tous ses aspects, et ainsi permettre au shugyo-sha d’y puiser les éléments susceptibles d’orienter son travail vers une meilleure compréhension de sa ou ses pratiques. Dans un premier temps, nous tenterons de comprendre et d’analyser les raisons qui pourraient justifier cet apparent manque d’intérêt. Puis nous aborderons les différents sens attachés à cet aspect de la pratique. Enfin, nous dégagerons quelques moyens utiles et pratiques pour améliorer notre propre technique à ce sujet. L’un des principaux facteurs qui contribue à mésestimer le rôle d’UKE est d’ordre psychologique , notamment dans les techniques corps à corps, savoir: la peur liée à la chute. Cette peur trouve vraisemblablement son origine dans l’inconscient attaché à l’évolution de l’espèce humaine en général et de chaque individu en particulier, lorsqu’il fait ses premiers pas. Il est communément admis, en effet, que l’espèce humaine est née le jour où un animal s’est dressé sur ses membres inférieurs pour adopter la position verticale. On peut facilement imaginer que cette mutation ne s’est pas réalisée sans douleur et il suffit d’observer, à défaut de se rappeler, les pénibles expériences du bébé lorsqu’il passe de la position couchée à la position assise, puis à quatre pattes pour finalement parvenir laborieusement, par imitation, à se dresser sur ses jambes. Combien de chutes, de plaies, de bosses n’ont-elles pas été durement expérimentées à cette époque de la vie? Elles restent inévitablement gravées dans notre mémoire pour ne laisser subsister qu’une peur viscérale de la chute. Dès lors, l’apprentissage de la chute à un âge où tous les facteurs génétiques liés à l’une des spécificités de notre espèce se sont définitivement établis, revient à entreprendre le même processus à l’envers, ce que l’inconscient refuse d’accepter. Il suffit, pour s’en convaincre, de relever les diverses locutions verbales utilisées dans toutes les langues pour exprimer cette peur. Ne parle t’on pas, en effet: ♦  de la chute d’un empire, d’une monarchie, d’un régime, d’un gouvernement; de la chute d’une monnaie, des cours de la bourse; de la chute de tension, de température, des cheveux; d’une chute d’eau, de neige, de pluie; de la chute du jour, ne dit-on pas: ♦  tomber dans les pommes, des nues, de Charybde en Scylla, etc… ♦  sauter dans l’inconnu, Qui n’a pas entendu sa mère lui dire: «Fais attention à ne pas tomber, tu vas te faire mal!», ou encore: «A force de faire le fou, tu vas finir par tomber!», sous-entendu «te faire mal!». Il semble donc que la chute soit associée, dans l’inconscient collectif, à la douleur, au déclin, au manque, à une déchéance, à une perte d’équilibre physique, mental et social . Il n’est donc pas étonnant,...

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L’Aïkido est-il un poison ?

Posté par le 7 mars 2012 dans Daniel Leclerc, Histoire et philosophie | 0 commentaire

  « Ce qui est viande pour l’un est poison pour l’autre. » (Proverbe africain) Lorsque, jeune pratiquant, je suivais hebdomadairement les stages dirigés par les Senseï, j’ai souvent entendu Maître Chiba dire que l’aïkido était un poison. À cette époque, cette affirmation relevait plus pour moi du koan que de la raison et c’est seulement bien plus tard que j’en ai mesuré toute la pertinence. S’il est vrai, comme le prétendent les grands sages indiens, que l’humanité est aujourd’hui au crépuscule du kali yuga – l’âge des conflits -, il n’en est pas moins vrai que le système proposé par O’Senseï constitue une réponse concrète à cette situation. Le dictionnaire donne du mot « conflit » la définition suivante : (dérive du latin « conflictus », qui signifie « combat ») opposition, combat, lutte armée ; et la guerre n’en est que sa forme la plus extrême. Mais la guerre, surtout lorsqu’elle est vécue de l’extérieur comme toutes celles qui se déroulent actuellement hors de notre territoire, est perçue au travers du prisme déformant de notre morale – abondamment conditionnée par nos croyances – et nous pensons pouvoir l’ignorer sous prétexte qu’elle ne nous affecte pas directement et personnellement. Cependant, à y regarder de plus près, un conflit, de quelque nature qu’il soit : personnel ou collectif, au travail ou entre amis, en famille ou avec qui que ce soit, est fondamentalement de même nature que la guerre puisqu’il est la conséquence d’une absence d’harmonie. Certes, chacun a son mode propre de réagir ! Mais on attend d’un pratiquant d’aïkido qu’il mette en application ce qu’il a appris dans le dojo pour trouver la solution harmonieuse aux diverses agressions que nous régalent quotidiennement la vie et les autres. De ce point de vue, il est aussi cocasse que triste de constater que les dirigeants de nos fédérations ne parviennent pas à trouver, voire même seulement à chercher, une harmonie entre eux, harmonie qui est pourtant leur raison d’être en tant que représentants d’une discipline qui la prône au niveau de l’univers. Pire ! Ils sont en conflit ! Certes, les statistiques toujours en hausse du nombre de leurs adhérents les confortent dans leur politique d’opposition et ils n’hésitent d’ailleurs pas en s’en attribuer le mérite, comme si cette croissance était le résultat des décisions qu’ils prennent lors de leurs assemblées générales. Pourtant, les premières motivations qui poussent un individu à franchir les portes d’un dojo sont, en général, différentes de celles qui le convaincront, par la suite, de parcourir la longue voie, difficile et incertaine, du budo. Cet article n’a pas pour but de les répertorier toutes, d’une part parce qu’elles sont aussi nombreuses que les pratiquants eux-mêmes et, d’autre part, parce qu’elles restent du domaine de la subjectivité. Mais l’image du « chevalier sans peur et sans reproche », amplement relayée par les romans, les bandes dessinées, les films et autres documentaires dithyrambiques sur les arts martiaux, reste étroitement associée à ces premières motivations et demeure à jamais gravée dans notre inconscient. En aïkido, cette image est d’autant plus vivace dans l’esprit des pratiquants qu’elle est liée à la figure charismatique de son fondateur que certains auteurs n’hésitent pas à présenter comme « un guerrier invincible ».Cependant, si l’Aïkido, ou le Budo, devait se limiter à devenir « invincible », qu’en serait-il du...

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